Une fois en poste, reconnaître son ignorance sur un sujet est rarement problématique. Mais en entretien, un candidat n’a que quelques dizaines de minutes pour convaincre en montrant ses connaissances et ses compétences. Alors peut-on « bien » admettre que l’on n’a pas la réponse à la question posée ?
Est-ce que c’est rédhibitoire de ne pas savoir ?
Si ce n’est pas déjà arrivé, cela vous arrivera. Tout le monde, un jour ou l’autre, se trouve face à une question dont il ne connaît pas la réponse. Heureusement, c’est rarement dramatique. Le niveau de tolérance de votre recruteur dépendra principalement du type de question face à laquelle vous séchez.
Les questions classiques
Se préparer aux questions types d’un entretien d’embauche est crucial. « Présentez-vous », « Parlez-moi de votre dernière expérience », « De quel projet êtes-vous le plus fier »… Rares seront les recruteurs à vous prendre au sérieux si vous restez coi devant ces questions. Malgré tout, il arrive que le stress empêche effectivement votre cerveau de se remémorer ce que vous savez. Auquel cas, la majorité des recruteurs seront tolérants et vous laisseront le temps de reprendre vos esprits.
Les questions basiques sur votre cœur de métier
A-t’on le droit de ne pas connaître les « 4P du marketing » en postulant à un job dans ce secteur ? « Si une personne ne connaît pas la réponse à une question relativement simple sur son futur métier, même après un temps de réflexion, cela peut lui être préjudiciable. Mais ce type de situation est rare », explique Ruth Cimpoy, recruteuse dans un cabinet de conseil. Le plus souvent, les connaissances du candidat ne sont pas inexistantes, mais simplement insuffisantes. Auquel cas, Ruth recommande de montrer sa volonté de progresser : « Vous pouvez par exemple répondre que vous êtes conscient que votre niveau de connaissance du sujet n’est pas à la hauteur des attentes de votre interlocuteur, mais que vous êtes prêt à travailler dessus via tel moyen. »
Les questions complexes
« J’aime poser des questions du style : “Si tu as toutes les cartes en main pour réaliser ce projet, comment t’y prends-tu ?” Je suis conscient que c’est difficile, mais je n’attends pas la bonne réponse, je cherche simplement à comprendre le raisonnement du candidat », explique Maxime Thomas, cofondateur d’un cabinet de formation. Il y a donc rarement de « mauvaise réponse » qui pourrait vous être reprochée. Autre approche possible, retourner votre manque de connaissance en mettant en avant votre curiosité, votre humilité, votre écoute : « Je reconnais que je ne sais pas, mais pouvez-vous m’expliquer comment cela fonctionne ? » Avouer son ignorance est une forme de sagesse et de lucidité, Platon serait fier de vous.
Les questions pièges
Il arrive qu’un recruteur cherche délibérément à vous surprendre avec une question absurde. C’est régulièrement le cas dans les entretiens pour des cabinets de consulting. Auquel cas, l’objectif est rarement de savoir si vous connaissez la réponse (combien de tubes de colle pour fabriquer cette maquette, à votre avis ?), mais plutôt de voir comment vous réagissez sous la pression.
Comme il est tentant de “bullshiter” lorsque l’on pense que notre interlocuteur ne pourra pas vérifier si on se trompe… Ou de risquer une réponse approximative pour faire bonne impression. Malheureusement, il est souvent dangereux de mentir pour cacher son ignorance. « Lors de mes premiers recrutements, j’ai été confronté à une personne qui m’a menti au lieu d’avouer son ignorance sur un sujet clé pour moi. C’est de ma faute, car j’aurais dû creuser plutôt que de lui faire confiance par défaut. Au final, j’ai dû la licencier après quelques semaines parce qu’elle ne savait pas faire ce pour quoi on l’avait embauché », ajoute Maxime. En entreprise, le mensonge est une bombe à retardement.
Inventer une réponse révèle à la fois vos faiblesses et votre manque de fiabilité future. Et personne n’a envie de travailler avec un collaborateur qui cache son ignorance, en prenant le risque d’impacter ses projets ou ses collègues. « Au contraire, c’est un très bon signal que la personne reconnaisse ne pas savoir, souligne Maxime. Car il y a toutes les chances que la personne réagisse de la même façon une fois en poste et c’est exactement ce que j’attends de mes collaborateurs : de l’honnêteté et de la transparence. »
Votre état d’esprit lors d’un entretien est l’ingrédient n°1 du succès. Il n’est pas nécessaire de faire un sans-faute pour décrocher un poste. Ne pas avoir la réponse à une question est rarement préjudiciable, tandis qu’essayer de s’en sortir par un mensonge transforme votre candidature en bombe à retardement. « Un entretien n’est pas un examen, c’est avant tout un échange », conclut Ruth.
Alors, peut-on dire « je ne sais pas » ? Mmh… difficile à dire… pouvez-vous reformuler la question ?